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  • Photo du rédacteurFranck Houdas

Mon destin olympique

Dernière mise à jour : 4 août 2023

Alain Bernard, double champion olympique et vainqueur sur la discipline reine (100 mètres nage libre) à Pékin en 2008, appartient à la légende du sport français. Celui qui se sentait complexé de son corps à l’âge de quinze ans (1,80m pour 72kg) se livre dans une autobiographie 100% alléchante.


De grand maigrichon à grand costaud

Être un grand maigrichon n’est pas une chose facile pour tout adolescent. Surtout auprès des filles. Heureusement pour Alain Bernard, la natation le sauva de cela. Pourtant, rien et personne ne le prédestinait à une telle carrière, ni ses parents qui l’ont inscrit à la natation dès six ans par peur de le voir se noyer, ni ses capacités naturelles de nageur. Personne n’osait imaginer qu’Alain, le « grand tout maigre » qu’il était à l’adolescence, allait devenir une star. À part peut-être Philippe Lucas, ex-entraîneur de Laure Manaudou : « Alain, c’est un super gars, il peut devenir champion olympique. » Et il a vu juste ! En 2008, Pékin accueille le plus grand évènement sportif international : les Jeux olympiques et paralympiques d’été. Alors que la finale du 100 mètres nage libre, une des disciplines mythiques aux JO, s’apprête à commencer, la France éteint son réveil programmé à quatre heures du matin et allume la télévision pour assister à ce qui va être le début de la notoriété du seul Français en lice : Alain Bernard.


La natation c’est comme l’athlétisme : ça se joue à quelques secondes près voire à quelques centièmes. Face à Alain, il y a du lourd en finale : l’Australien Eamon Sullivan, le Brésilien Cielo Filho ou bien encore le Néerlandais Pieter van den Hoogenband, tenant du titre. Et si le destin ne tient pas à grand-chose, celui d’Alain Bernard tient à onze centièmes de seconde. Ces onze centièmes qui te font basculer de l’anonymat des bassins aux sollicitations médiatiques et à la notoriété. C’est ce qu’a vécu le Français lors de cette finale du 100 mètres nage libre. Sa plus grande joie sans contestation.


La natation, son bassin

Devenir le meilleur, se différencier des autres par le sport pour faire face au harcèlement dont il a été victime à l’adolescence. C’est ce qui a motivé Alain pour vaincre sa timidité et ses complexes liés à sa taille et à sa minceur hors normes. Touché par la perte de ses camarades (la navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur médaillé olympique Alexis Vastine) lors du tournage de l’émission Dropped en 2015 auquel il participait, il partage dans son autobiographie ses valeurs – le courage, le respect, la combativité – qu’il continue de véhiculer aujourd’hui en développant la pratique de la natation et en étant ambassadeur du Team EDF. À travers les pages du livre, il dévoile évidemment ses débuts : de la piscine d’Aubagne, là où tout a commencé, à sa rencontre avec Denis Auguin qui l’emmènera au plus haut niveau. Mais le champion olympique de 2012 révèle aussi ses rivalités, ses amitiés à l’école et dans les bassins, ses relations amoureuses, les coulisses de l’âge d’or de la natation, le dopage. On y apprend surtout que l’eau n’était pas bleue au sein de l’équipe de France : une mauvaise ambiance régnait à partir de 2010 malgré une équipe de grands nageurs (Camille Lacourt, Yannick Agnel, Florent Manaudou et Camille Muffat). Cela a sûrement empêché les Tricolores de décrocher d’autres médailles. Un récit d’une sincérité rare.


Du sport, du sport et du sport

Alain Bernard signe des autographes
©Fédération Française de Natation

Alain est connu pour son parcours extraordinaire. Mais qu’en est-il de son autre facette, c’est-à-dire sa vie privée ? Des proches du géant Français nous « racontent leur Alain, à base d’anecdotes et de souvenirs jamais révélés ». Et qui dit ancien sportif, dit après-carrière. Une fois le bonnet, les lunettes et le maillot mis au placard, Alain Bernard a décidé de se diriger vers le terrain social et politique, chose impossible lors de son apogée en carrière. Il évoque aussi, dans le dernier chapitre, sa vie loin des compétitions mais proche des bassins : son amour pour Coralie Balmy, la polémique Yannick Agnel en 2012, son implication pour les Jeux olympiques de Paris 2024, les bienfaits de la pratique sportive en général ainsi que le crash de deux hélicoptères pendant le tournage de l’émission Dropped qui l’a profondément touché, encore aujourd’hui.

Voici trois anecdotes aussi croquantes que ses deux médailles d’or olympiques :

  • Au collège, entre midi et quatorze heures, avec son ami David, ils allaient à la piscine d’Aubagne pour réaliser des longueurs en appliquant les consignes de l’entraîneur données la veille au soir. Et cela deux fois par semaine en plus des entraînement habituels.

  • Lors d’une compétition nationale réservée aux plus jeunes à Clermont-Ferrand, Alain remporte sept médailles d’or en... sept courses ! Il n’a alors que douze ans, c’est son premier grand coup d’éclat. « Je m’étais pris pour Mark Spitz (sept titres olympiques aux JO de Munich en 1972) » dit-il dans son livre.

  • Pendant la course en demi-finale du 100 mètres individuel au championnat du monde 2007 à Melbourne, il s’est économisait afin de garder de l’énergie pour le lendemain, jour de finale. Beaucoup trop de relâchement puisqu’il fut éliminé pour deux centièmes et assista à la finale depuis les tribunes.


Mon avis : En temps normal, trouver un livre sur la natation est assez rare. Alors quand il s’agit d’une autobiographie d’un nageur, c’est de l’or. Et quel nageur cet Alain ! Pour une discipline qui est (très) peu médiatisée, j’ai énormément apprécié ce livre et appris beaucoup de choses. Savoir tout son parcours, ses rivaux mais aussi ce qui se passe en interne est toujours bon à prendre. Les paroles des proches sous forme d’interviews, j’ai trouvé le concept original pour être publié dans un livre mais en même temps super. J’ai eu la chance de rencontrer Alain (accompagné du rameur Thomas Baroukh) lors d’un séminaire professionnel au Stade de France : photos, autographe, discussion. C’est une personne très agréable et en lisant ce livre, j’ai eu du mal à croire à sa timidité lors de son enfance. Un livre que je conseille fortement pour les fans de sport mais aussi pour les chauvins.


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